FRAGMENTS D'UNE SOLITUDE

une exposition de Paulo Guerreiro
(photos, vidéos, textes)

du 5 mars au 1er avril 2010


Fragments d’une solitude : les morceaux de Paulo Guerreiro

Paulo Guerreiro a composé ses Fragments d’une solitude en quatre temps.Il y a tout d’abord une journée dévorée par une transe mélancolique et un profond délire dépressif. Une journée où il est enfermé dans une chambre à Bruxelles et dont il va fixer l’émoi par des images et des textes remplis d’une émotion déraisonnable où l’a conduit une période douloureuse de solitude, de tristesse, d’exil, de frustration professionnelle, de désert amoureux et du manque intenable de ceux qu’il aime. Ses photos, inondées par la lumière et la couleur, sont telles des gros plans authentiques du néant affectif et sentimental qui l’entoure et qui l’habite profondément. Ses phrases sont telles des paroles qu’il expulse et s’envoit à lui-même, son seul interlocuteur, tantôt avec rage, tantôt avec douceur.Après quatre mois, avec du recul, il va confronter ses premiers morceaux de solitude à l’essai de Roland Barthes, Fragments d’un discours amoureux. Il va alors apposer des extraits du livre sur ses photos et reprendre sept « figures » de Barthes qui font écho à ses propres clichés. Il rédige également de nouvelles phrases, d’où il s’abstrait avec suffisamment d’écart pour commenter, dans un style pourtant très poétique, les affres qu’il avait ressentis auparavant.Plus tard encore, ayant pris encore plus de distance, il publie dans un blog sur internet ses fragments photographiques, littéraires et poétiques sous la forme d’un journal intime, bien que public.Enfin, avec la distanciation opérée par le temps, et l’affaiblissement de la charge émotive, il crée trois vidéos, House Trilogy, qui complètent et achèvent ses Fragments d’une solitude, en mélangeant éléments autobiographiques et fictionnels dans des images pixellisées ou surexposées et qui sont tout entières traversées par un corps aux mouvements saccadés, troublés ou tumultueux.
Dans ce dispositif, c’est l’émotion qui est le point de départ et c’est la solitude qui est le thème central, à la fois impartageable et universel, de ces fragments qui découpent tant le réel que l’imaginaire. Mais, à la différence de Barthes, qui dans ses fragments à lui, questionne l’écriture et met l’amour en relation avec le langage ; Guerreiro interroge directement le corps et met la souffrance en relation avec la chair.De cette manière, il donne aussi à voir des « figures », précisément « au sens gymnastique ou chorégraphique » que Barthes voulait donner à ses bris de discours.

Drita Kotaji

Kit expo, tirage limité à 30 exemplaires, en vente à la galerie

http://fragmentsdunesolitude.blogspot.com/

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